Nous assistons actuellement à une diminution de la fertilité masculine et féminine : Ainsi, depuis 1978 les indications tubaires infectieuses de la PMA diminuent pour donner place aux lésions tubaires liées à l’endométriose. Depuis 1990, date de l’apparition de l’ICSI, les indications masculines sont en augmentation.
Ainsi, on peut affirmer que la fertilité est la résultante de l’environnement et des conditions de vie du couple avec des effets qui peuvent être trans-générationnels :
La fertilité d'une génération serait liée à des facteurs toxiques agissant pendant la vie intra-utérine de la mère et des facteurs acquis à l'âge adulte liés à la qualité de vie : tabac, alcool, cannabis, antidépresseurs, poids, alimentation, profession, sport intense, stress : aussi bien, chez l'homme et chez la femme.
La prise en charge en PMA actuellement devrait être une prise en charge liée au couple en tenant compte de facteurs liés à la qualité de vie, afin de participer à améliorer la fertilité et optimiser les résultats en PMA pour éviter des stimulations répétées et diminuer la durée du parcours.
On distingue 2 types de facteurs toxiques à la fertilité :
Les impacts du tabac sur la future fertilité d’un enfant à naître :
Les impacts du tabac sur la fertilité à l’âge adulte :
L’impact du tabac sur la PMA :
Chez l’homme : il existerait une augmentation de FSH, LH, E2 et diminution Testostérone avec une altération du spermogramme. Chez la femme : diminution du délai de conception avec consommation modérée de vin de plus de deux verres par jour. Des taux de Fausses couches spontanées 2 à 3 fois élevés ont été décrits.
La consommation de cannabis est en nette progression, ainsi une diminution du nombre de spermatozoïdes avec une augmentation des anomalies de la morphologie ont été décrites avec une augmentation de l’hyperactivité entraînant une diminution de la capacité de fécondance. A la différence du tabac, le cannabis a une élimination très lente et les effets délétères sont plus importants, il faut remarquer que le plus souvent les deux facteurs sont associés : tabac/cannabis.
DDT et autres organochlorés, ils se concentrent dans le lait maternel et le placenta : Origine de malformations urogénitales : Cryptorchidies et hypospadias La contamination intra-utérine est plus préoccupante car elle est plus précoce que dans le lait.
La plus toxique serait le TCDD qui agit comme un perturbateur endocrinien.
Agents non biodégradables ils interfèrent sur le système endocrinien en raison de la tendance Estrogéno-mimetiques de nos hormones. Leur activité androgénique leur permet de s’opposer aux hormones mâles.
On parle de stress oxydatif, lorsque la production de radicaux libres (ROS et RNS) dépasse les capacités de défense de l’organisme :
Il serait impliqué dans les cancers, les affections dégénératives, les maladies cardio-vasculaires, maladie d’Alzheimer, vieillissement, et dans la reproduction ! Groupes à risque de stress oxydatif : Les fumeurs, les régimes déséquilibrés, les sujets agés.
Des études récentes (Tanamura, Fertil steril 2009), montrent des actions de la diminution de mélatonine sur la régulation ovarienne, des concentrations de mélatonine abaissés ont été retrouvés dans les follicules de petits tailles et au cours du stress oxydatif en fin de phase folliculaire altérant la régulation ovarienne et une diminution de la fécondité. L’administration de Mélatonine améliorerait la qualité ovocytaire et le taux de fertilisation en traitant le stress oxydatif (Buscemi, Yan) ; mais, la correction de la cause serait aussi un élément essentiel ( TANAMURA, Mélatonine and ovary, Fertil Steril 2009).
Établir une stratégie «commune» avec le couple concernant les facteurs toxiques liés au comportement et à la qualité de vie afin de les aider à renverser leur infertilité.
La réduction du nombre de stimulations ovariennes et des tentatives de PMA, permettant d’obtenir un résultat plus rapide constitue un objectif essentiel pour les couples désirant un enfant. Le dépistage de facteurs toxiques et la qualité de vie permettraient d’optimiser la fertilité ainsi que les résultats en PMA.
La prise en compte de tous ces facteurs devraient permettre de réaliser une prévention auprès des adolescents et avoir une action en préconception pas seulement chez la femme mais aussi chez l’homme, la prise de conscience de la société et du personnel soignant permettrait d’améliorer la fertilité. Un training médical et la prise en compte de la qualité de vie des couples consultant pour infertilité s’avère actuellement nécessaire.
De nos jours, le travail du médecin de la reproduction doit tenir compte de tous ces facteurs lors d’une prise en charge pour infertilité.
Dr Sylvia Alvarez,
Gynécologue obstétricienne spécialisée en médecine de la reproduction,
Service d'Assistance Médicale à la Procréation, clinique de la Muette